A l’honneur en 2016,  une maison d’édition : Les Grandes Personnes

 

 

A la découverte des Grandes Personnes

Les éditions des Grandes Personnes sont une maison d’édition indépendante créée en novembre 2009 avec Antoine Gallimard.

Une jeune  maison d’édition indépendante qui a vu le jour en novembre 2009 avec Antoine Gallimard.
L'éditrice Brigitte Morel entend poursuivre le magnifique travail développé aux éditions Panama en renouant avec des grands albums illustrés, des pop up éblouissants, des livres-jeux créatifs, des coéditions tout en donnant une place accrue aux romans.

 

Editions Des Grandes Personnes

 

Entretien avec Brigitte Morel, éditrice

Après avoir été éditrice au Seuil Jeunesse et aux éditions du Panama, Brigitte Morel revient sur le devant de la scène avec une nouvelle maison d'édition, judicieusement nommée les éditions des Grandes Personnes. Elle entend poursuivre le magnifique travail développé aux éditions Panama en renouant avec des grands albums illustrés, des pop up éblouissants, des livres-jeux créatifs, des coéditions tout en donnant une place accrue aux romans. Cette nouvelle maison d’édition indépendante a vu le jour en novembre 2009 avec Antoine Gallimard. Les 22 premiers titres déjà prêts sortiront au mois de septembre.



- Comment vous portez-vous ? Comment avez-vous vécu cette année ? Les premiers titres de la rentrée sont-ils prêts ?

Cette année a été une année studieuse de préparation pour la rentrée 2010. Il s’agissait de créer une nouvelle maison, mais aussi d’être dans la continuité de notre vie professionnelle, entre nous et aussi avec les auteurs, les fournisseurs, les libraires… Il fallait aussi cicatriser des blessures panaméennes.
Nous sommes maintenant à la fin du mois de juin et beaucoup de livres sont déjà prêts, rangés dans leur petite case à la SODIS, attendant les commandes…

- Quel va être le programme ? Allez-vous poursuivre la ligne éditoriale, l'empreinte et l'identité développées chez Panama ( des audaces graphiques, des albums pour les grands, des pop up et des livres-jeu, une politique d'auteurs maison, des coéditions avec Patrick Couratin, des grands formats, des traductions…) ? Quelles vont être les changements et les ?

La seule chose qui nous ait poussés à développer cette nouvelle maison était une volonté très forte de continuer le travail commencé tout d’abord au Seuil, puis chez Panama. On retrouvera donc les mêmes auteurs pour les livres illustrés et Florence Barrau va s’efforcer de développer la partie roman qui était restée très discrète chez Panama. Deux coéditions sont prévues à la rentrée avec Patrick Couratin ; il s’occupe aussi de la conception graphique des couvertures de romans, du catalogue, du site… Sabine Louali continue à travailler sur les coéditions, domaine très important pour les livres illustrés qui demandent un investissement financier assez lourd.



- Dans ce nouveau catalogue, comment s'articule le dosage entre les rééditions et les nouveautés ?

Sur les 22 titres à paraître à la rentrée, 6 sont des rééditions. Certains auteurs, suite à la liquidation de Panama, ont eu la gentillesse et la patience d’attendre que nous remontions une structure pour signer de nouveau avec nous. Il y aura bien sûr d’autres rééditions sur 2011…

- Pouvez-vous revenir sur la naissance de cette nouvelle structure ? Comment s'est créé le partenariat avec Gallimard jeunesse ? Quelle va être la ligne de conduite en ce qui concerne le nombre de titres, le calendrier de sorties et le tirage ?

Les éditions des Grandes Personnes sont une maison d’édition indépendante créée en novembre 2009 avec Antoine Gallimard. Nous avons prévu de sortir une trentaine de titres l’année prochaine. Pour le calendrier de sortie, nous avons un fonctionnement classique de maison d’édition jeunesse avec des sorties tout au long de l’année et une production plus forte sur septembre et octobre.



- Allez-vous avoir une totale liberté pour concevoir les ouvrages et le choix des auteurs ?

Oui, nous avons une totale liberté. Il n’y aurait aucun intérêt à imposer une politique éditoriale à une maison comme la nôtre.

- Comment tenir l'équilibre entre la création, l'audace graphique, l'exigence de la qualité et puis le public, les tirages et la vente du fonds ?

Je ne vois pas les choses de cette façon. Ce n’est pas parce qu’on publie des livres sans aucune exigence graphique et de mauvaise qualité qu’ils vont se vendre. La question est plutôt de savoir comment tenir l’équilibre le temps de monter un catalogue, de se faire connaître et apprécier et de constituer un fonds.



- Au niveau des romans, quelle va être la ligne éditoriale ? Privilégierez-vous des traductions? Un genre particulier ?

Pour cette première rentrée, notre programme comprend à la fois des rééditions de titres Panama, et des inédits en traductions et en romans français. S'il est vrai que dans un premier temps, notre catalogne accueillera une majorité d'auteurs étrangers, notre volonté est aussi d'accueillir à l'avenir de nouveaux auteurs français qui, pour la plupart, ont collaboré en jeunesse ou dans le domaine adulte avec Florence Barrau lors de son expérience Panama. Citons entre autres Jean-Michel Payet, auteur de la trilogie AErkaos, Jean-Marc Deville, un nouveau-venu dans le domaine jeunesse, Angélique Villeneuve qui est publiée par ailleurs par des éditeurs "adultes". Le pari est bien sûr de publier des voix singulières dans le domaine du roman jeunesse et adolescent, sans aucune contrainte de genre. Constituer un catalogue d'auteurs français prend juste un peu plus de temps et ce processus devrait s'accélerer avec nos premières parutions et l'identification de la maison...
Précisons cependant que la composante étrangère de ce catalogue de romans demeure essentielle, avec des auteurs peu connus voire inconnus que nous espérons imposer sur les tables des librairies, il suffit pour cela d'être patients et exigeants sur la durée. Citons là aussi un auteur important tel que Sonya Hartnett, australienne et ayant reçu en 2008 le prix Astrid Lingren, Mary Hooper, Silvana Gandolfi, et bien d'autres à venir...

- Comment travaillez-vous avec François Delebecque, Kveta Pacovska, Joëlle Jolivet, Pittau&Gervais, Lionel Le Néouanic, Pascale Estellon ou encore Claire Dé ? Qu'allez-vous chercher chez eux ? Y aura-t-il de nouveaux talents et de nouveaux auteurs ?

Tous les auteurs que vous venez de citer sont des gens avec lesquels j’ai un réel plaisir à travailler. Nous nous connaissons depuis des années, nous avons traversé des tempêtes, connu des succès (et aussi des déceptions…). Ce que j’aime, c’est réussir à faire avec eux un petit pas en avant à chaque nouveau projet. Ce qui me passionne, c’est de construire un catalogue cohérent avec tous ces talents. Il y a une petite nouvelle à la rentrée, Annette Tamarkin, avec laquelle je développe une série de livres pour les tout-petits. Et nous avons plein d’autres projets ensemble…



- Les éditeurs indépendants connaissent des difficultés financières (Les éditions Etre sont actuellement en sommeil..), le marché reste frileux, les ventes en librairies ont fléchi ces derniers mois et les livres que vous concevez ( grands formats, pop up…) ont un coût de fabrication élevé.. Etes-vous sereine par rapport à cette nouvelle aventure ? Comment tenir l'équilibre financier ?

J’essaye de ne pas trop penser à toutes les choses que vous venez d’évoquer et je crois beaucoup en notre production…

- Allez-vous travailler différemment avec les libraires, les prescripteurs, les bibliothécaires, les enseignants? Prévoyez-vous des opérations de promotion et de communication spécifiques, des rencontres avec le public ?

Nous essayons de nous rapprocher au plus près des prescripteurs, des libraires et de tous les gens qui travaillent autour et avec le livre jeunesse. C’est à nous de faire connaître notre catalogue et de porter les livres qui en ont besoin. Les auteurs se rendent aussi disponibles pour aller présenter leur travail. Quant aux opérations de promotion, je pense qu’elles n’ont pas lieu d’être pour des petites structures comme la nôtre.



- Quel visage pour le livre de jeunesse numérique ? Y réfléchissez-vous ? Comment envisagez-vous ce tournant ?

Grâce à Gallimard, une partie de notre catalogue fiction va être disponible à la rentrée sous forme numérique. Le public aura donc le choix entre la version papier et la version numérique. Pour les livres illustrés, nous commençons aussi à réfléchir à la question…

- Votre nom de structure est pour le moins judicieux. Pourquoi les Grandes Personnes ?
Ce nom est tellement évident quand on y pense : des livres pour enfants faits par des adultes… J’aime bien le côté habité, incarné de ce nom.



- Pouvez-vous nous présenter les principaux axes et sorties de catalogue en matière de livres ilustrés ?

On retrouve, dans cette première sortie, mes principales obsessions : des livres objets, des livres d’artistes, des livres sur l’art, de la photo, du dessin, des livres entièrement graphiques… Le plus étonnant est sans doute celui de Claire Dé, A TOI DE JOUER, à la fois livre objet, livre d’artiste, livre sur l’art… Claire publie très peu de livres (le troisième en 10 ans de collaboration) et est une artiste extrêmement exigeante. Je pense que le point commun de tous ces auteurs, c’est peut-être cette exigence : ils nous donnent le meilleur d’eux-mêmes et nous essayons de fournir un travail à la hauteur, en produisant leur livre le mieux possible, et en les accompagnant tout au long de l’année. C’est la moindre des choses quand Lionel Le Néouanic travaille pendant plus de trois ans sur LE PLUS BEAU DES CADEAUX, les Pittau-Gervais ou Jean-Luc Allart plus de deux ans… Quand Kveta Pacovska répond encore présente quand on lui demande de réfléchir à un nouveau projet. Nous prenons le temps de concevoir les livres, de faire et défaire pour surtout, ne rien avoir à regretter. Et bien sûr, en toile de fond, notre public auquel nous voulons apporter le meilleur…

Propos recueillis par Charlotte Javaux
Juillet 2010